Vallon des auffes

Vallon des Auffes.



C'était pour l'anniversaire de ma mère, nous lui avions fait une surprise et nous sommes allés dans un petit restaurant au Vallon des Auffes dans ma ville natale: Marseille.

C'était un lieu hors du monde, pittoresque à souhait, marquant la césure entre une ville en pleine émergence et ce qu'il reste de sa véritable identité...Tous les codes qui définissent Marseille se présentaient à moi: le petit port de pêche, les marins qui rafistolaient leur rafiot d’antan et leurs filets, l'horizon ou se reflétait un globe de feu étincelant au travers de cette mer si chère à la cité phocéenne, teintée d'un bleu sombre et sinistre. Descendant de longues marches nous amenant en cet endroit si particulier, nous y débouchions enfin. Tout d'un coup la lumière de la fin d'après midi éblouit mes sens, les faisant virevolter au travers de ce petit coin de bonheur. L'odeur de l'écume et du poisson péché au petit matin arriva à mes narines, les éclaboussant d'une odeur exquise et si particulière au Sud de la France.




En face de moi se trouvait un homme repeignant son navire avec une délicate attention, comme un tendre amant étreignant sa maîtresse; aussi complices que confidents lors d'une rencontre secrètement clandestine. Interviennent alors deux de ses amis dans ce moment de connivence pure et solitaire. Un discours viril prit forme, discutant des commerces, de leurs bateaux puis de leurs femmes, de la nouvelle peinture «bleu marin» qu'il a fraîchement appliqué, seyant parfaitement avec les couleurs azure de l'étendard de la cité.




De l'autre côté, des pécheurs aguerris s'apprêtèrent à partir. Leur matériel de pêche sur l'épaule, prêt à passer de longues heures au bord des flots dans l'attente de la bonne fortune au bout de leurs hameçons piqués par des esches. Non loin de là, un cercle de matrones lézardaient au soleil comme pour réchauffer leur corps dans l'attente d'une nuit fraîche, un verre de Pastis et un bout de pizza à la main contemplant les bateaux et parlant des aléas de la vie quotidienne.




Et là ! Gargantuesque, un pont s'élève majestueux, traversant les deux rives et s'imposant comme le maître de ces lieux, coupant totalement cette place illusoire, de cet abîme d'opale.
Cet édifice m'a énormément inspiré de par sa stature et son architecture.
Ses courbes gracieuses se mêlant avec ardeur à la force herculéenne supportant les tonnes de pierres qui le constitue tel le Titan Atlas : « Portera Tera ». Transpercé au même moment par la lumière du soleil tel une lance flamboyante, atteignant le paroxysme de sa beauté aux dernières heures de son existence.




Le soleil se couchait enfin, tout le monde s'activa et rentra chez soi, laissant place à un tout autre univers. Le soleil disparaît peu à peu derrière la ligne séparant le monde des cieux, pour laisser apparaître une nouvelle entité. Tel le ventre engrossé d'une femme, une sphère blanche s’élevait sagement dans le firmament. Nous recouvrant totalement, nappe céleste parsemée d'infimes diamants éclatants au travers de la nuit, le ciel radieux nous livrait ici un véritable spectacle. Nous enveloppant avec douceur dans une quiétude maternelle, tel un nouveau né en quête de chaleur et de réconfort dans le creux des bras de ses géniteurs. Un sentiment de plénitude nous envahis alors ; totalement protégé du monde extérieur comme lors de notre enfantement au milieux du ventre de notre mère.



Le Vallon des Auffes : un lieux magique totalement coupé du monde ou règne encore tranquillité et sérénité.

Cyril C.   



















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